22 mars 2014

Les tabatières en verre sous la dynastie Qing – Partie 1

Nous vous proposons aujourd’hui de parcourir l’histoire de la tabatière en verre, l’un des matériaux les plus utilisé pour la confection de ces flacons. Cet article sera composé de plusieurs parties, dont voici le premier volet.

Les premiers témoignages de l’existence de l’art du verre en Chine remontent au IVème siècle avant Jésus-Christ. Initialement et durant des siècles, le verre et sa technique de fabrication rudimentaire suffisaient à satisfaire une fonction d’imitation d’autres matières, et plus particulièrement du jade comme, en attestent les fouilles archéologiques.

Son évolution fut sporadique, sans développement artistique capital même sous les brillantes dynasties Han, Tang ou Song, dont peu d’objets majeurs nous sont parvenus. Au XIVème siècle, à la fin des Yuan (1260-1368), un centre de production se structure pourtant à Boshan dans la région du Shandong. Il persiste sous les Ming et fournit même de la main d’œuvre aux ateliers de l’empereur Hongwu (1368-1398). Des archives précises indiquent qu’en 1370, un verrier fut recruté pour la fabrication de rideaux et lampes en perles de verre. Canton sera le second grand centre de production.

Situation géographique de Boshan dans la province du Shandong.

Ce long désintérêt de la Chine pour la verrerie trouve sans doute sa raison dans une prédilection pour la céramique. Maîtrisant à la perfection cet art ancestral, les chinois peuvent se permettre de délaisser le verre. Le kaolin et la porcelaine, longtemps inconnus des européens, leur garantissent un secret de finesse, translucidité, pureté et possibilité de décor fantastique.

Les manufactures verrières périclitent au milieu du XVII ème siècle à une période trouble dite « Transition » pour renaître sous la nouvelle dynastie mandchoue Qing qui voit la mise en place d’un mécénat impérial inégalité jusqu’alors.

A cette époque, les chinois découvrent le tabac sous la forme de poudre à « priser » et lui attribuent des vertus médicamenteuses, vite périmées au profit d’une véritable mode. Le problème du conditionnement se pose vite car le climat humide de la Chine ne favorise pas une correcte conservation du tabac dans des boîtes à large ouverture comme celles utilisées en Europe. On détourne donc à cet usage de courantes fioles à médicaments qui, devenues tabatières, se compléteront de bouchons décoratifs munis de liège pour clore hermétiquement l’embouchure et qui se prolonge par une petite pelle servant à extraire le tabac du flacon.

Tabatière chinoise en verre transparent contenant du tabac à priser.

Priser affirme un statut social. Indépendamment de l’empereur et de la Cour, hauts fonctionnaires, militaires ou lettrés s’y adonnent, contribuant à faire évoluer la tabatière. Objet fonctionnel, il doit également être représentatif de la personne qui le possède et l’utilise ; en d’autres termes un objet d’art et un nouveau support auxquels toutes les principales techniques décoratives de cette époque seront appliquées

C’est donc à la fin du XVII ème siècle, avec le nouvel enthousiasme de l’empereur Kangxi (1662-1722) pour l’art du verre et le développement rapide de la prise au sein même de la Cité Interdite que naissent les premières tabatières en verre : une genèse impériale.

Galerie Espace 4

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