Tous les ans depuis 1969, l’International Snuff Bottle Society, association américaine regroupant les plus grands collectionneurs, experts et marchands internationaux en tabatières chinoises, se réunit lors d’une convention durant laquelle sont organisées des visites, des conférences et où s’acquièrent et se vendent les tabatières chinoises.

Du 17 au 21 septembre dernier, l’International Snuff Bottle Society a décidé de poser ses valises à Minneapolis dans le Minnesota pour la 51ème convention de son histoire. Une cinquantaine de collectionneurs marchands et d’experts venus du monde entier étaient présents pour échanger et travailleur sur leur passion commune, les tabatières chinoises. Pour quelques jours seulement, Minneapolis est devenue la capitale internationale de la tabatière chinoise.

Laurence Souksi, experte en tabatière chinoise depuis près de vingt ans, était comme chaque année présente à la convention. Elle a pu y présenter certaines pièces uniques que nous vous invitons à découvrir.

La Convention de Minneapolis, comme si vous y étiez…

Tabatière de forme cylindrique en porcelaine blanche émaillée en rouge de fer d’un décor montrant Zhong Kui tenant un sabre.

Tabatière de forme arrondie en porcelaine blanche émaillée en rouge de fer et grisaille de neuf chiens pékinois, quatre sur une face et cinq sur l’autre. Les yeux sont émaillés en émaux noir et vert.

Tabatière en porcelaine blanche montrant Xiwangmu, la reine mère de l’Ouest.

Tabatière de forme « meiping » en porcelaine blanche émaillée en polychromie et grisaille de nombreuses pies dans un prunus fleuri

Tabatière de forme quadrangulaire en porcelaine blanche émaillée en polychromie de différentes scènes dans des panneaux cerclés en bleu.

Tabatière double en porcelaine montrant d’un côté Tao Yuanming et de l’autre la célèbre combattante Hua Mulan, qui a pris avec succès la place de son père au combat.

Tabatière en bois de forme rectangulaire aplatie aux épaules arrondies sculptées de masques et anneaux aux épaules, le bouchon d’origine sculpté et ajouré en forme d’un chien de Fô avec une balle de brocart.

Tabatière de forme hexagonale en terre brune de yixing à décor appliqué avec une terre plus claire montrant différents paysages.

Toutes les tabatières présentées ci-dessus sont disponibles et visibles à la Galerie. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à consulter les fiches produits (directement sur les photos) et à nous contacter.

Et pour retrouver l’intégralité de la newsletter de la Convention : cliquez ici !

Le verre overlay, un matériau très utilisé pour la fabrication des tabatières chinoises

Pendant longtemps, les artisans chinois ont privilégié la céramique pour la fabrication d’objets du quotidien et d’œuvres d’art. Maîtrisant parfaitement cet art ancien, ils étaient capables de réaliser des pièces fines et magnifiquement décorées en porcelaine. Le verre était donc peu utilisé et au milieu du XVIIème siècle, de nombreuses manufactures étaient en déclin. Il faudra attendre la dynastie Qing pour relancer cette activité, puis voir apparaître des tabatières chinoises en verre overlay. Un mécénat impérial avait même été instauré afin de développer cette activité.

Des modèles très prisés sous la dynastie des Qing

Lorsque l’empereur Kangxi arrive au pouvoir à la fin du XVIIème siècle, en 1661, l’industrie verrière est donc très peu développée. De nombreuses manufactures ont fermé leurs portes et on se sert rarement de ce matériau pour la création de tabatières chinoises. Mais l’empereur se passionne pour l’art du verre et progressivement, il est utilisé pour la fabrication de ces petites fioles. En effet, il a découvert ce matériau grâce à des cadeaux venus d’Europe. Agréablement surpris par les nombreuses possibilités qu’il offre, il décide de créer en 1696 une verrerie dans l’enceinte du palais Impérial. Au fil du temps, les techniques se développent en Chine, s’améliorent et les flacons se font plus délicats, plus précieux, plus colorés et ornés de sublimes décors. Cette matière sera également plébiscitée par d’autres empereurs comme Yongzheng et Qianlong. Et c’est au XVIIIème siècle qu’apparaîtront les tabatières en verre overlay.

Des objets considérés aujourd’hui comme des chefs d’œuvres

Ces flacons sont réalisés de manière très minutieuse puisqu’un décor est sculpté dans plusieurs couches de verres superposés. On appelle cette technique « overlay ». Certains artistes allaient même jusqu’à accumuler trois couleurs et juxtaposer huit nuances ! Le résultat était donc magnifique et de très belle qualité. Au départ, seul le rouge sur fond transparent était travaillé, puis ce fût au tour du vert, du bleu et de nombreux autres coloris ont suivi. Outre la production impériale, quelques manufactures chinoises privées ont créé de telles tabatières.
Malheureusement, la fin de la dynastie Qing a aussi entraîné celle de la fabrication de ces flacons à tabac en verre overlay. Mais aujourd’hui, ils sont devenus des objets de collection, des pièces qu’on ne trouve que dans de rares galeries et qui peuvent atteindre des sommes très élevées. Si ces dernières vous intéressent, n’hésitez pas à contacter notre équipe pour en savoir plus sur le sujet, connaître nos prochaines ventes et découvrir notre collection.

Où peut-on admirer des tabatières chinoises à Paris ?

Petites fioles fermées par un bouchon doté d’une spatule, les tabatières chinoises permettaient de conserver le tabac à priser de l’humidité. De petite taille, elles devaient pouvoir tenir facilement dans une main. Pour leur fabrication, plusieurs matériaux étaient utilisés tels que la porcelaine, le verre, le jade et le cuivre émaillé. Aujourd’hui, elles sont devenues des objets de collection que l’on retrouve chez des particuliers amateurs d’antiquités de Chine, chez des professionnels tels que des antiquaires et des galeries à Paris.

Des objets exposés principalement dans des galeries ou lors d’événements éphémères

Régulièrement des expositions sont organisées à Paris sur les arts asiatiques mais rares sont celles concernant les tabatières chinoises. La dernière date des années 2000 et avait eu un franc succès, notamment auprès du grand public. C’est pourquoi, si vous êtes intéressé par ces beaux objets, nous vous conseillons de vous adresser à des galeristes et des antiquaires. En tant que professionnels et experts, ils sont en mesure de vous renseigner sur leur histoire et de vous donner des adresses où vous pourrez en voir de plus près.
D’ailleurs, à ce sujet, sachez que notre galerie Espace 4 est un des seuls endroits de Paris où vous pouvez venir les contempler. Nous exposons aussi chaque année à l’étranger lors d’un Salon International Spécialisé dans les flacons à tabac chinois où se rencontrent tous les plus grands collectionneurs et spécialistes du monde. Un événement incontournable durant lequel des collections privées sont exposées et où les Musées ouvrent leur portes. Mais si vous n’avez pas la possibilité d’y assister, il vous suffit de venir nous voir. Nous pourrons vous montrer des pièces, des catalogues avec des photos et vous renseigner sur ces magnifiques fioles. Alors n’hésitez pas à prendre contact avec nous pour convenir d’un rendez-vous. Que ce soit par simple curiosité ou par passion pour ces œuvres, nous serons ravis d’en discuter avec vous.

D’autres villes où admirer de telles collections

Voyageons un peu, quittons la France et Paris pour découvrir de splendides tabatières chinoises exposées de façons permanentes ou temporaires dans d’autres pays du monde. En Suisse, vous pouvez visiter la Fondation Baur à Genève. Toujours en Europe, ces antiquités sont aussi exposées aux Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles et au Victoria et Albert Museum à Londres. Même si il y en a peu, elles méritent vraiment d’être vues d’autant que ces lieux vous permettent aussi de découvrir d’autres œuvres d’art asiatiques. Enfin, si vous allez à Taiwan, nous vous conseillons de visiter le Musée National du Palais de Taipei.
Si vous souhaitez connaître les prochaines expositions à Paris ou ailleurs, n’hésitez pas à nous contacter !

Les tabatières chinoises, des antiquités très convoitées

C’est dans les années 1600 que le tabac apparait en Chine. Pour le conserver et l’isoler de l’humidité, les artistes chinois ont créé de jolis flacons agrémentés d’un bouchon, qu’on appelle également des tabatières chinoises. Les premiers modèles datent de la dynastie Qing (1644) et sont aujourd’hui des objets de collection très prisés des amateurs d’Art, notamment en France. Fabriquées en porcelaine, en émail ou en verre, ornées de motifs variés, elles étaient à l’époque réservées à une élite comme l’Empereur, sa cour et les militaires. De nos jours, on en trouve dans certains musées, dans des collections privées et dans des galeries spécialisées comme la nôtre.

Tabatière en porcelaine représentant un chien de Fô émaillé vert, jaune et brun. 1796-1820

Tabatière en porcelaine représentant un chien de Fô émaillé vert, jaune et brun.
1796-1820

 

Des objets fascinants témoins de l’Histoire de la Chine

Il faudra attendre le règne de l’empereur Kangxi en 1662 pour voir apparaître les toutes premières tabatières chinoises qui furent réalisées dans des manufactures impériales. De nos jours, il est de plus en plus difficile d’en trouver mais il existe encore des collections disséminées en France, en Europe ou dans le monde. Parallèlement, les collectionneurs s’intéressent aujourd’hui à des pièces plus contemporaines et originales dites : « peintes à l’intérieur ». Si au départ les tabatières chinoises s’adressaient surtout à la cour impériale, au fur et à mesure, elles se sont démocratisées et sont devenus des objets utilitaires destinés à une classe sociale moyenne de bourgeois et commerçants. Réalisés à la main par des artistes, ils sont donc uniques et ornés de symboles classiques ou traditionnels. On distingue également plusieurs périodes et écoles, comme celle de Suzhou, une ville où étaient produites des pièces en jade et en agate.

Tabatière en porcelaine de forme arrondie à décor d'un criquet et de sept papillons en rouge de fer . 1820-1860

Tabatière en porcelaine de forme arrondie à décor d’un criquet et de sept papillons en rouge de fer .
1820-1860

Tabatière en verre de forme rectangulaire arrondie, peinte à l'intérieur d'une scène représentant des chevaux. Par Tan Zichuan

Tabatière en verre de forme rectangulaire arrondie, peinte à l’intérieur d’une scène représentant des chevaux.
Par Tang Zichuan

 

Une offre variée de pièces à découvrir dans notre Galerie

Comme vous pouvez le constater sur notre site, la Galerie Espace 4 vous propose une sélection très complète de tabatières chinoises authentiques et qui ont été expertisées. Ces dernières se distinguent des modèles rectangulaires à couvercle ouvrant par le dessus fabriqués en France car à l’extrémité du bouchon, une petite spatule est fixée, qui permettait de récupérer le tabac. Du côté des matériaux, vous retrouvez du jade, de l’agate, de l’ivoire, de l’ambre, de la porcelaine, du verre overlay mais aussi du corail. Et si vous êtes intéressé par l’un de nos objets de collection, vous pouvez faire une demande d’information afin d’obtenir des renseignements supplémentaires.

Tabatière en agate beige avec des inclusions brunes gravées de manière à signifier oiseaux et branchages 1760 - 1850

Tabatière en agate beige avec des inclusions brunes gravées de manière à signifier oiseaux et branchages
1760 – 1850

Aux premières heures du vingtième siècle, le suisse Alfred Baur fait fortune dans le commerce international et se passionne pour la culture et l’esthétique extrême orientale au cours de voyages professionnels. Il sera connu et reconnu pour son goût sûr et sa collection exceptionnelle de plus de huit mille pièces.

Son intérêt se porte sur différents types d’objets asiatiques essentiellement japonais et chinois, avec pour critères d’achat : l’excellence de l’ouvrage et des techniques ainsi que la dimension raisonnable des objets. En témoignent sa collection de tabatières chinoises.

Alfred Baur avec l’aide de trois marchands particulièrement avertis : l’anglais Thomas Bates Blow, le suisse Gustave Loup et le japonais Tomita Kumasaku , va constituer un important ensemble de 556 tabatières essentiellement entre 1922 et 1938. Cette collection est aujourd’hui considérée comme une des plus belles d’Europe, incontestable par le choix des matières, des décors et surtout par la qualité de chacun des flacons. L’œil du collectionneur Alfred Baur allié au goût propre à chacun de ses marchands d’art la rend unique.

Voici quelques exemples illustrant la beauté de la collection Baur.

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Emaux sur médaillons de cuivre encastrés dans du corail . Forme arrondie, pied en retrait.

Médaillon de cuivre à décor d’émaux sur les deux faces. Deux pies, deux cailles.

Atelier du palais impérial.

Marque Qianlong en quatre caractères sigillaires .

H : 5,8cm  L : 4,4cm

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Peintures sur émail. Monture de cuivre ciselé. Forme arrondie, pied en retrait. Portrait d’une européenne.

Marque Qianlong en quatre caractères.

H : 4,9cm L : 3,8cm

Bouchon original en cuivre doré ciselé en forme de pétale de chrysanthèmes soutenus par des ruyi.

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Laque. Forme de pêche. Ateliers de palais impérial 1736-1795.

Bouchon en verre et métal doré.

H : 5,3cm L : 5,9cm

Exposition collection Baur 1980

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Calcédoine flammée, agate. Forme rectangulaire aplatie, épaules tombantes et pied en retrait .

Ours et aigle. 1770-1850

Bouchon en corail.

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Quartz fumé et peint à l’intérieur. Forme rectangulaire, pied en retrait. Un homme sur son âne passant près d’un lac. Au verso , la sagesse de l’ermite, maître du dragon.

Inscription : peint à Pékin en 1905 par Ye Zhongsan.

H : 6,4cm L :4cm

Bouchon en jadéite verte.

 Provenance : Acheté par A.Baur au marchand Loup

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Néphrite jaunâtre verdâtre quart brun. En forme de bouteille, pied en retrait. 1740-1800.

 H : 7,8cm L : 5cm

Bouchon corail rose en forme de dragon lové.

 Provenance : Gustave Loup, 1925.

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Porcelaine à émaux polychromes sur couverte. Forme de poire légèrement aplatie, ovale concave sous la base. Dragon à cinq griffes poursuivant la perle sacrée parmi des nuages.

 Signé : Renzhi zi zhi.

H : 6,2 L: 5cm

Bouchon en tourmaline rose.

Provenance : Gustave Loup, 1929.

“Tales of adventures” – tabatières chinoises

Si vous souhaitez connaître les mystères des contes et légendes de Chine, si les arts de l’illustration et de la porcelaine vous fascinent, si vous souhaitez en apprendre plus sur ces petits flacons que sont les tabatières, voici un catalogue fait pour vous.

Le catalogue “Tales of adventures” vous présente une sélection de tabatières en porcelaine (émaillées, bleu/blanc, bleu/rouge) toutes illustrées de légendes chinoises, connues ou moins connues. À travers des personnages emblématiques comme Zhong Kui ou Gaoliang, nous avons souhaité éclairer les amateurs sur ces miniatures riches d’anecdotes et de péripéties.

Très bonne lecture !

Laurence Souksi.

Connaissez-vous les tabatières chinoises ? Il s’agit de petits flacons que l’on ferme avec un bouchon auquel est attachée une fine pelle en ivoire, servant à ramasser le tabac. Ces objets sont apparus sous la dynastie Qing. En verre, en porcelaine ou en pierre, les tabatières ont été déclinées dans tous les matériaux possibles et sont devenus de véritables objets d’art. Nous vous présentons un petit historique de leurs origines…

 

La production des tabatières en Chine est liée au développement de la consommation du tabac après l’arrivée au pouvoir des conquérants Mandchous qui instaurent une nouvelle dynastie en 1644: les Qing.

Le tabac est alors utilisé sous forme de poudre que l’on prise, comme en Europe, ce qui nécessite une conservation parfaite dans des réceptacles propres à l’isoler de l’humidité du climat chinois, tout en étant facilement transportable.

Si la forme de la tabatière dérive de fioles à médicaments traditionnelles, elle s’en distingue immédiatement par un plus grand raffinement, une préciosité dans le choix des matériaux et une plus grande qualité d’exécution. En effet, la prise demeure initialement un plaisir destiné à l’élite: indépendamment de l’empereur et de la Cour, hauts fonctionnaires, militaires et lettrés s’y adonnent. Priser correspond à un statut social et la tabatière, si elle est bien un objet fonctionnel, doit aussi être représentative de la personne qui la possède ou l’utilise. Elle devient très vite un objet d’art auquel toutes les principales techniques décoratives seront appliquées durant plus de deux siècles.

Le règne de l’empereur Kangxi (1662-1722) et celui de Yongzheng (1723-1735) sont la genèse de la tabatière, les premiers exemples sortiront des ateliers impériaux de Pékin: ces flacons en verre coloré, en émail sur cuivre ou en jade sont aujourd’hui rarissimes.

Tabatière en cuivre émaillé de forme double gourde portant une marque Yongzheng

En 1736, Qianlong monte sur le trône. Il va régner durant soixante ans. Cette période sera l’apogée artistique de la fabrication de tabatières. Une prodigieuse diversité de matières stimule alors artistes et artisans, des créateurs toujours anonymes.

Tabatière chinoise en cuivre émaillé marquée Qianlong

Après le verre, l’émail et le jade, les artistes utilisent désormais également  l’agate, le lapis-lazuli, les cristaux de roche, le cloisonné, les pierres diverses, la porcelaine et les matières d’origine animale ou végétale (ivoire, corail, ambre, nacre ou laque).

Traditionnellement offerte par l’empereur comme cadeau impérial, la tabatière fait l’objet d’une importante production des ateliers de Pékin au coeur de la Cité Interdite. Dans le même temps, des centres de fabrication privés oeuvrent pour des classes sociales spécifiques, notamment érudites et lettrées.

Coffret de tabatières chinoises en jade offert en cadeau par l’Empereur

Certains de ces ateliers ancestraux seront à l’origine de véritables chefs d’oeuvre. Par exemple, les tabatières dites de l’école de Suzhou, du nom de cette ville chinoise célèbre pour ses créations en jade et en agate, s’imposent aujourd’hui comme les plus recherchées. Les tabatières de cette école présentent  une exceptionnelle qualité d’exécution mais surtout une véritable ingéniosité: le créateur tire parti de la pierre, de ses inclusions transparentes ou sombres, dans le but de faire apparaître un décor tourbillonnant, plein de modelé, où finalement la main de l’artiste s’efface pour laisser place à la magie de la matière.  

Au cours du XIXe siècle, si la production impériale s’essouffle faute de réel mécénat elle s’accompagne toutefois d’une démocratisation de la prise qui provoque dans tout l’empire un véritable engouement pour la tabatière, déjà devenue objet de collection. Si la qualité s’en ressent parfois, la créativité persiste et ce jusqu’au début du XXe siècle.

Le déclin de la tabatière coïncide avec celui de la dynastie Qing et son dernier empereur Puyi.

Longtemps resté confidentiel (les premiers ouvrages sur le sujet datent des années 1960) le domaine de la tabatière chinoise se révèle aujourd’hui comme une synthèse de toute la richesse artistique déployée en Chine de la fin du XVIIe au début du  XXe siècle.

Les grands amateurs européens d’art chinois ayant constitué leurs collections à partir de la seconde moitié du XIXe siècle avaient déjà pressenti l’intérêt de ces objets et les tabatières sont rarement absentes de leurs collections. Nous les retrouvons par exemple au musée Guimet (Collection Emile Guimet et Ernest Grandidier), à la fondation Baur, au Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles (collection Edmond Michotte), ou au Victoria & Albert Museum (Collection Salting).

Bouchons de tabatières et leurs pelles

Enfin, les tabatières furent parfois l’objet d’étonnantes reconversions opérées par des artisans ou joailliers prestigieux: elles se transformèrent en briquets, flacons à parfum, ou boîtes à message, signées des maisons Fabergé, Cartier ou Maquet.

Tabatière en agate, 19ème, monture de la maison Maquet.

Quatrième et dernière partie de notre histoire de la tabatière en verre sous les Qing. (Première partie, deuxième partie, troisième partie).

Pour mémoire: A partir des années 1758-1760 le nombre de jésuites travaillant au Palais Impérial diminue. En conséquence la verrerie retrouve une direction totalement chinoise…

La qualité du travail de l’émail persiste dans la seconde moitié du 18ème siècle sous l’impulsion de Qianlong, puis sous son successeur Jiaqing (1796-1820). De cette période date un singulier groupe de flacons portant une marque « Guyue Xuan » (Pavillon de la Vieille Lune). Situé dans l’enceinte du Yuanming Yuan, ce pavillon avait été construit pour accueillir Qianlong à sa retraite et des objets fabriqués spécialement pour lui, comme des tabatières révélant une grande finesse d’exécution.

Tabatière en verre émaillé à décor de grenouille. Marque Guyue Xuan.

Tabatière en verre émaillé à décor de grenouille. Marque Guyue Xuan.

(suite…)

Suite de l’histoire de la tabatière en verre sous la dynastie Qing. (Première et deuxième parties).

Pour mémoire: à la suite des règnes de Kangxi et de Yongzheng, la rapide évolution du verre entraîne celles de méthodes décoratives inédites sur verre : la sculpture, le verre doublé (overlay), la dorure,  la gravure…

Avec l’empereur Qianlong (1736-1795) la collaboration avec les missionnaires s’accentue, le mécénat s’étend et la verrerie réintègre en grande partie le Palais de Pékin. Après une brève période de transition, l’empereur s’entoure de plus en plus de jésuites aptes à superviser certaines productions impériales d’objets d’art. Il s’assure ainsi de perfectionner les bases techniques acquises auparavant et de les porter au plus haut niveau.

L'empereur Qianlong

L’empereur Qianlong, portrait officiel

(suite…)

Après une première partie consacrée à l’apparition du verre en Chine, étudions à présent le développement de la tabatière en verre à la cour impériale de l’empereur Kangxi puis de l’empereur Yongzheng.

Pour mémoire: à la fin du XVIIème siècle, avec le nouvel enthousiasme de l’empereur Kangxi (1662-1722) pour l’art du verre et le développement rapide de la prise de tabac au sein de la Cité Interdite, apparaissent les premières tabatières en verre.

Les européens occupent un rôle important dans cette entreprise. Contemporain de Louis XIV avec qui il a de grandes similitudes, Kangxi gouverne son pays de main de maître et s’avère homme des Arts et des Lettres. Il accepte à sa cour de nombreux jésuites, utilisés sans scrupule pour leurs diverses compétences dans tous les départements artistiques, littéraires ou scientifiques du Palais Impérial. De nombreux cadeaux, dont des objets en verre, lui sont parvenus d’Europe et l’empereur découvre avec intérêt cette matière dont il ne soupçonnait pas les possibilités. Boshan ou Canton ne réalisent rien de comparable. En conséquence, il ordonne en 1696 la création d’une verrerie dans l’enceinte du palais Impérial sous la direction du jésuite allemand Kilian Stumpf (1655-1720) et requiert les meilleurs ouvriers de l’empire.

Empereur Kangxi, à l'origine de la tabatière en verre

L’empereur Kangxi, portrait officiel.

(suite…)

Nous vous proposons aujourd’hui de parcourir l’histoire de la tabatière en verre, l’un des matériaux les plus utilisé pour la confection de ces flacons. Cet article sera composé de plusieurs parties, dont voici le premier volet.

Les premiers témoignages de l’existence de l’art du verre en Chine remontent au IVème siècle avant Jésus-Christ. Initialement et durant des siècles, le verre et sa technique de fabrication rudimentaire suffisaient à satisfaire une fonction d’imitation d’autres matières, et plus particulièrement du jade comme, en attestent les fouilles archéologiques.

Son évolution fut sporadique, sans développement artistique capital même sous les brillantes dynasties Han, Tang ou Song, dont peu d’objets majeurs nous sont parvenus. Au XIVème siècle, à la fin des Yuan (1260-1368), un centre de production se structure pourtant à Boshan dans la région du Shandong. Il persiste sous les Ming et fournit même de la main d’œuvre aux ateliers de l’empereur Hongwu (1368-1398). Des archives précises indiquent qu’en 1370, un verrier fut recruté pour la fabrication de rideaux et lampes en perles de verre. Canton sera le second grand centre de production.

Situation géographique de Boshan dans la province du Shandong.

Ce long désintérêt de la Chine pour la verrerie trouve sans doute sa raison dans une prédilection pour la céramique. Maîtrisant à la perfection cet art ancestral, les chinois peuvent se permettre de délaisser le verre. Le kaolin et la porcelaine, longtemps inconnus des européens, leur garantissent un secret de finesse, translucidité, pureté et possibilité de décor fantastique.

Les manufactures verrières périclitent au milieu du XVII ème siècle à une période trouble dite « Transition » pour renaître sous la nouvelle dynastie mandchoue Qing qui voit la mise en place d’un mécénat impérial inégalité jusqu’alors.

A cette époque, les chinois découvrent le tabac sous la forme de poudre à « priser » et lui attribuent des vertus médicamenteuses, vite périmées au profit d’une véritable mode. Le problème du conditionnement se pose vite car le climat humide de la Chine ne favorise pas une correcte conservation du tabac dans des boîtes à large ouverture comme celles utilisées en Europe. On détourne donc à cet usage de courantes fioles à médicaments qui, devenues tabatières, se compléteront de bouchons décoratifs munis de liège pour clore hermétiquement l’embouchure et qui se prolonge par une petite pelle servant à extraire le tabac du flacon.

Tabatière chinoise en verre transparent contenant du tabac à priser.

Priser affirme un statut social. Indépendamment de l’empereur et de la Cour, hauts fonctionnaires, militaires ou lettrés s’y adonnent, contribuant à faire évoluer la tabatière. Objet fonctionnel, il doit également être représentatif de la personne qui le possède et l’utilise ; en d’autres termes un objet d’art et un nouveau support auxquels toutes les principales techniques décoratives de cette époque seront appliquées

C’est donc à la fin du XVII ème siècle, avec le nouvel enthousiasme de l’empereur Kangxi (1662-1722) pour l’art du verre et le développement rapide de la prise au sein même de la Cité Interdite que naissent les premières tabatières en verre : une genèse impériale.

Galerie Espace 4

9 rue Mazarine
75006 Paris – France
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